Cet article fait écho à celui paru pour la maternelle, en intégrant les spécificités de l’école élémentaire.
En effet, beaucoup s’interrogent face aux annonces publiques et à l’absence de détails…Les semaines avancent et certains s’inquiètent.
Premier point : les nouvelles éditions de MHM
Nous sommes en train de réécrire MHM CP et MHM CE1. Une première mouture du CP fait l’objet de specimen (version temporaire) que les écoles recevront en mai. Nous attendons les informations des nouveaux programmes pour adapter ce qui devra être adapté. Cette nouvelle édition est un peu celle de la maturité: garder le meilleur de MHM et aller encore plus loin : des guides plus détaillés, plus d’outils pour aménager, différencier, adapter à sa classe tout en gardant ce qui a fait la force de MHM. Tout est mis en œuvre pour que ce soit disponible et utilisable pour la rentrée.
Quid des autres niveaux ? Cela dépendra des annonces, du volume de travail de ce qui est déjà prêt et qui doit être adapté …
Deuxième point : comment MHM se positionne par rapport à Singapour ?
Aucune inquiétude de ce côté. MHM s’est construire il y a dix ans sur les mêmes principes que Singapour : en s’inspirant de ce que la recherche, les didacticiens, les pédagogiques, disaient et ce qui faisait consensus. MHM c’est une sorte de Singapour à la française. La méthode est, comme toute méthode, critiquable, mais face aux évolutions annoncées, trouve sa juste place.
Les photos de cet article sont tirées de la nouvelle édition, en cours de test depuis septembre dans une douzaine de classes.
C’est quoi la méthode de Singapour ?
Monica Neagoy, docteure en didactique des mathématiques et spécialiste de la méthode, répond très bien à cette question :
« Les Singapouriens ont une réponse très intéressante à cette question. Pour eux, il n’existe pas de « mathématiques de Singapour ». C’est le nom que le monde donne à ce qu’ils font, alors qu’eux estiment simplement faire « des mathématiques de qualité ».
Les éléments clés de la démarche de Singapour :
Dans sa philosophie, la démarche de Singapour place l’enfant au centre, en activant sa curiosité, son plaisir à faire des mathématiques, à jouer avec les nombres et les formes.
C’est depuis le début l’un des fondements de MHM. Par le biais des rituels, des modalités d’apprentissage (individuel, binôme, groupe), par les défis proposés, par les contenus (situations problèmes), par la place du jeu et des activités ludiques et stimulantes, MHM propose des mathématiques vivantes, actives, de la petite section au CM2.
Les principes de MHM s’appuyant sur les mêmes bases théoriques que celles de la démarche de Singapour, on retrouve aussi, sur la philosophie d’enseigner et d’apprendre les mathématiques, avec plaisir, positivisme et une réflexion sur la place de l’erreur.
La démarche de Singapour s’appuie sur plusieurs éléments importants :
– l’approche « concrète, imagée, abstraite ».
Depuis sa création en 2014, MHM a fait de la démarche, francisée en « manipuler-verbaliser-abstraire », le cœur de son fonctionnement, démarche fondamentale comme le rapport Villani-Torossian le soulignait lui-même dès 2018. MHM, sur la base de la recherche, a notamment mis un accent particulier sur la partie « verbaliser /imager », trop souvent délaissée dans les pratiques, et partie fondamentale à la construction de l’abstraction.
Ainsi, toutes les connaissances mathématiques, les procédures, les concepts sont enseignés dans MHM avec cette approche : d’abord manipuler concrètement l’objet mathématique, le mettre en scène, interagir avec, puis progressivement, dans le cadre d’un enseignement explicite, aller vers la deuxième phase de la démarche : verbaliser/imager. L’élève se détache alors du concret pour établir une représentation mathématique, qu’il s’agisse d’un dessin, d’un schéma, de la personnalisation d’un outil mathématique déjà étudié (modèle en barres, calcul sur une droite graduée…). Cette phase est fondamentale : je représente, je mets des mots sur ce que je fais, j’échange avec l’adulte, avec les autres élèves pour confronter ma représentation et le vocabulaire mathématique utilisé…Enfin, vient l’abstraction avec l’usage des symboles mathématiques, les calculs, etc.
– La modélisation dans la résolution de problèmes.
Singapour a mis au cœur de son approche la résolution de problèmes et la modélisation en barres. MHM propose une progression précise en résolution de problèmes, proposant des modélisations selon les typologies de problèmes tout en développant la flexibilité chez les élèves en enrichissant la pratique par un travail régulier sur des problèmes ouverts.
Les élèves apprennent non seulement à résoudre des problèmes en identifiant leur typologie mais surtout ils apprennent à réfléchir, analyser, essayer.
– La pensée algébrique
Dans la démarche de Singapour, une réflexion est mise en place très tôt sur la pensée algébrique, c’est-à-dire une façon de faire des mathématiques en faisant des connexions, en généralisant des situations, des structures. C’est un principe que l’on retrouve dans MHM par le souci apporté sur la manipulation, le lien entre les objets manipulés et les concepts mathématiques. Par exemple, lorsque les élèves travaillent sur les décompositions, à partir de la boite à décomposer ou des numicons. Ils se créent des images mentales, des opérations mathématiques mentales qui seront utiles dans la suite de leur scolarité.
C’est pourquoi MHM 2024 proposera des stratégies spécifiques en calcul mental, dans le cadre d’une progression s’étalant sur tout le cycle et s’appuyant sur des représentations visuelles efficaces.
Documents à consulter :
Mathématiques : « si Singapour réussit, nous le pouvons aussi » par Monica Neagoy, spécialiste de la méthode de Singapour
Mathématiques – Les points forts de l’approche de Singapour dans l’enseignement des mathématiques. Comment s’en inspirer ?
Réseau Canopé, GMF, Ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, AFINEF- 2019
La Méthode Heuristique de mathématiques 
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